Pour vous ce n'est qu'une porte. Une belle porte éclairée par un soleil de fin de journée. Pour moi, c'est LA porte. Celle qui me conduit quand je la pousse, à mes souvenirs d'enfance, à ces étés enivrants bercés de cris endiablés, de jeux inventés ; à ma tendre insouciance ; Celle qui a le goût des goûters partagés, des sirops trop sucrés et des pomme de terre sautées ; Celle qui s'ouvre sur ce jardin des délices, où repose une barque magique qui nous a réunis plus d'un après midi, sur le cour de l'Yonne, méduses aux pieds, à faire des ricochets. Derrière cette porte, il y a tant de rires d'enfants ; Culs nus, couverts de rouge à lèvres ou déguisés avec les habits de la petite Mémé. Il y a le rire de Papé et les interminables discussions de fin de soirée ; Il y a les bêtises et les cabanes interdites, la chèvre, l'âne, le chien, les mésanges, et les abeilles du voisin ; il y a ce toit d'où on contemple nos étoiles, et ces arbres que nous avons plantés bébés. Derrière cette porte, il y a tant d'amour. Des portes qui donnent accès à ces havres de paix comme ceux-là , j'en ai eu plusieurs, et j'en aurai bcp d'autres encore, pourtant celle-ci est différente. Oui cette porte-la a pour moi une saveur toute particulière, car la clef de cette maison est transmise de génération en génération. Chacun vient y chercher bonheur, y construire de précieux souvenirs, qui nous permettent ensuite de tenir les jours où on ne sait plus comment rire. Cet été je me suis arrêtée dans ce sanctuaire sacré, j'y ai posé mes valises, respirée les souvenirs et les odeurs oubliées, je me suis reposée dans ces murs qui ont vu se succéder tout ceux que j'ai aimés. Cet été je me suis rappelée à quel point il fait bon vivre dans ces endroits qui nous on vus grandir. Cet été, j'ai récupéré la clé des champs, j'ai poussé la porte et je suis rentrée chez moi, à l'intérieur, pour me délecter du temps, passé présent et celui qui est à venir. Car oui je le sais désormais, ce qui s'en vient est rempli de surprises.
Crédit photo : Hélène Milcent