Jusqu'où êtes vous prêt à aller ? Jusqu'à quel point allez vous laisser vos libertés s'envoler ? Jusqu'où faut-il qu'ils aillent pour que vous réagissiez ?
Je me suis toujours demandée quel pouvait être ce point d’orgue qui fait basculer un pays dans la folie. Comment ça avait bien pu se passer au Rwanda, pour que des gens se lèvent un matin et aillent zigouiller leurs voisins. Je me suis longtemps interrogée sur le rôle que j'aurai eu en 1939, quand il a fallu choisir entre légalité et légitimité. Je me suis perdue dans la perplexité en découvrant l'histoire du Chili, du Cambodge, de la Bosnie ou encore du Pérou… J'ai parcouru le monde, et je n'ai cessé d'observer que l'histoire a beau se répéter, les Hommes ne retiennent pas la leçon.
Distiller des gouttes de haine pour diviser les peuples et mieux les dominer. Redoubler de patience pour avancer masquer sans se faire remarquer. Endormir la vigilance, la tolérance, et repousser toujours plus loin les limites de l'acceptable, pour que le peuple soit fin prêt, à s'entre-tuer. La technique est fin prête, bien rodée.
Et vous, jusqu'où irez-vous ? Jusqu'à combien de nos valeurs vont-ils devoir s'attaquer pour que vous vous interrogiez ? Jusqu’où vont-ils pouvoir vous emmener ?
Attention, ne vous méprenez pas. Quand j'interroge le jusqu'où, je parle d'abord et avant tout d'acceptation. Cette ré-action qui change tout. Et qui pour le moment fait carton plein. Accord tacite, approbation implicite, consentement de masse, compromis et concessions qui balayent d’un coup tous nos acquis. Ainsi s’imposent Résignation et Soumission.
Quand on parle de harcèlement scolaire dans les collèges et lycées, on évoque bien sur le rôle de l’harceleur "actif", celui qui brutalise et violente ouvertement, qu'il est presque trop facile à repérer par son comportement hostile qu’il ne cherche bien souvent pas à camoufler. Pourquoi ça puisqu'il juge être dans son bon droit ?! Pourtant, celui qui m'intéresse, c’est l’acteur dit passif. Celui qu'on identifie plus difficilement. C'est celui qui regarde, qui tolère et ne fait rien. C'est celui qui se laisse endormir, convaincre et qui va parfois même jusqu'à prendre part à la mascarade de ses copains. Celui que nous avons sûrement tous été un jour… Et avec lequel nous sommes beaucoup plus indulgents. Pourtant ce sont les deux postures combiner ensemble qui aboutissent à de terribles conséquences. Combien d’abus auraient pu être évités si certains avaient agis ? Une réaction aurait suffi. Comme il est facile de dénoncer des comportements, d’accuser les uns, de s’indigner des actions des autres, sans jamais prendre ses propres responsabilités !
A votre avis, combien d’inactifs a t-il fallu pour que les génocides et les dictatures s'enchaînent et se multiplient ? Combien de regards baissés, de têtes détournées, et de portes fermées ? Peur de ne pas être acceptés, d'être différents, d'être à notre tour la cible de plus grands. Préférer les laisser agir impunément. Attendre encore, que nos libertés soient bafouées et que les premiers concernés soient décimés. Attendre et voir ce qu'il va bien pouvoir se passer. Voir nos belles valeurs reculer, pour que vienne le jour où il sera trop tard, trop tard pour faire le choix de l’amour et de la liberté.
Jusqu'à quel point irons-nous ? Jusqu'où laisserons nous aller la manipulation ? Je vous pose véritablement cette question, car je n'arrive plus à comprendre ce qu'il faut à un peuple pour se réveiller, ouvrir les yeux pour voir qu'une poignée d'hommes parvient sans plus se cacher à bafouer tous nos droits, se délectant de notre asservissement.
Qui osera dire qu'il n'avait pas été prévenu ? Qu'il n'avait pas compris, pas vu ? L'histoire parle pour nous, dans le silence de ses morts et de toutes ces décisions que nous n'avons pas oser prendre.
----- Hélène
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